Nekomancien : aventure fantastique entre 2D et 3D

Voyage initiatique entre légende et émotion Nekomancien emmène le spectateur dans un conte fantastique empreint de mélancolie et d’aventure. En 8 minutes 46 secondes, le court métrage suit les pas d’un chat-magicien, en quête de sens après la disparition brutale de sa maîtresse, une sorcière aimée du peuple. Le protagoniste, tel un pèlerin désabusé, parcourt la contrée à…

chat dans une prairie film animation

Voyage initiatique entre légende et émotion

Nekomancien emmène le spectateur dans un conte fantastique empreint de mélancolie et d’aventure. En 8 minutes 46 secondes, le court métrage suit les pas d’un chat-magicien, en quête de sens après la disparition brutale de sa maîtresse, une sorcière aimée du peuple. Le protagoniste, tel un pèlerin désabusé, parcourt la contrée à la recherche d’artéfacts, usant de ses talents de chasseur de curiosités pour subsister. Lorsque surgit la promesse d’une amulette d’immortalité capable de ramener sa maîtresse à la vie, son désir renaît.

Les cinéastes – Milo Lemaitre, Pierre‑Etienne Puig, Antonin Meriot et Aodren Marzin – empruntent les codes de la quête du héros, cherchant un trésor dont la nature reste mystérieuse jusqu’à la révélation finale. Cette structure classique permet une réinterprétation, car derrière la promesse d’une récompense magique prétexte à l’action, l’objet sacré n’est pas convoité pour la gloire, mais son cheminement vers l’acceptation. Jusqu’à la confrontation finale, un combat à armes inégales contre un seigneur corrompu par le pouvoir, la narration ménage la puissance tragique du sacrifice et la force de l’espérance. Porté par la narration puissante de Victor Mercier et la voix de Margot Valois pour le personnage de Boutika, le récit joue habilement sur l’alternance entre moments contemplatifs et séquences d’action.

Alchimie technique entre 2D, 3D et légèreté

La richesse visuelle de Nekomancien repose sur un savant dosage de 2D traditionnelle enrichie par des bases 3D pour les volumes. Ces décors 3D conçus par Paul Lejeune offrent profondeur et dynamisme, notamment durant la scène de combat, sans sacrifier la cohérence graphique. Victor Mercier, a supervisé les effets spéciaux qui soulignent la magie de l’amulette et le pouvoir chaotique du seigneur ennemi. La musique de Tristan Gentile soutient cette narration, dont la partition oscille entre mélodies entrainantes et rythmes épiques, soutenant avec justesse l’intensité dramatique du voyage.

L’équipe artistique, soudée autour d’une vision commune, s’est appuyée sur une aide précieuse. Eloïse Rivière, Alyssa Morosni et Klervi Maugis‑Jeanson ont orchestré la palette chromatique pour garantir une palette cohérente et vibrante tout au long du film. Cette coloration précise a permis d’amplifier à la fois la douceur des flashbacks et la tension des confrontations. Sasha Buton et Pauline Marlière ont de leur côté épaulé l’animation des personnages 2D sur Toonboom Harmony. Ces éléments ont ensuite été affinés afin de varier l’épaisseur du trait dans l’objectif de préserver le charme artisanal de la 2D. Des logiciels ont alors été utilisés comme Storyboard Pro pour la planification, Procreate et Clip Studio Paint pour les esquisses et colorisations, ainsi que la Suite Adobe pour le compositing et la retouche finale.

Le principal défi résidait dans la contrainte temporelle dans le but de condenser une aventure épique et émotionnelle. Pour alléger la charge de travail sans nuire à la qualité, les réalisateurs ont fait le choix d’automatiser certaines routines d’animation et de privilégier la réutilisation de modèles 3D pour les environnements. Le résultat est un équilibre réussi entre ambition narrative et efficacité de production.

Relever le défi du format court

Concevoir un film d’animation riche en enjeux narratifs et visuels en moins de neuf minutes constitue un défi de taille. Les réalisateurs l’ont pleinement assumé : chaque plan compte, chaque mouvement sert l’histoire. Inspirés par l’univers du Dungeon Crawler et les récits d’héroïque fantasy à la Donjons & Dragons, avec des clins d’œil aux trottoirs de pierre, aux sanctuaires enfouis et aux créatures magiques, permettent une immersion efficace. Et c’est précisément cette fusion entre codes classiques et message contemporain qui fait de Nekomancien un court métrage « fun, dynamique et touchant » comme le voulait l’équipe de réalisation.

Pour concilier récit épique et faisabilité, l’équipe a optimisé son processus de production : les scènes complexes — lutte de magie, chutes vertigineuses, jeu d’ombres et de lumières — ont été prévues en amont lors du storyboarding pour anticiper les besoins en animation et en décors. Les bases 3D sont ainsi devenues des ossatures sur lesquelles les animateurs ont greffé le mouvement 2D, garantissant une cohérence spatiale tout en accélérant le rendu. Au-delà de la technique, c’est une véritable collaboration artistique qui a permis de fluidifier la création : partant d’une idée de personnage esquissée par Antonin Meriot, chacun a ensuite enrichi le projet de ses références et de son savoir-faire.

En somme, Nekomancien réussit à marier action, esthétique et réflexion dans un format court. Porté par une équipe pluridisciplinaire soudée partageant les mêmes références graphiques et narratives, le court-métrage se révèle à la fois divertissant tout en proposant une réflexion universelle sur la résilience.